Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/73

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dine se tut et cessa la conversation. Un quart d’heure après, la maman arriva, tenant dans chaque main un grand bol plein d’une liqueur fumante et saumâtre. — Ah ! bien, j’en apprends de belles, cria-t-elle, il paraît que ces deux gredins de Just et d’Aristide se sont battus, ce matin, à cause de toi. Qu’ils s’avisent un peu de rôder autour de nous ! c’est moi qui vais les recevoir ! Et toi, si tu leur adresses la parole ou si tu réponds à leurs discours, tu auras affaire à moi. A-t-on jamais vu ! — La pauvre fille avait le cœur gros et ne pouvait manger ; soudain elle pâlit et renversa la moitié de son bol sur sa jupe : les deux adversaires venaient d’entrer dans le marché, l’un avec son œil bleu, l’autre avec son nez tout escarbouillé. Ils se séparèrent à la porte et chacun s’en fut à sa boutique par une allée différente.