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Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/112

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aurait dansé la pastourelle en face du monsieur, elle signifierait à Anatole qui semblait se douter de quelque chose, car il rôdait dans les alentours, qu’il eût à déguerpir. — Une raclée et ce serait probablement tout. — Elle en serait quitte pour une courbature. — La seule difficulté à résoudre était celle-ci : se garer assez bien la face pour qu’elle ne se ravinât point de traînées bleues.

Désirée fut ébahie. — Que sa sœur lâchât un boissonneur comme Anatole, rien de plus naturel, mais que Céline eût pour amant un homme riche, cela la dépassait. — Quel état avait-il donc ce monsieur ? — l’autre répondit qu’il devait être employé dans un bureau, car il avait des ongles taillés et des mains blanches. Il se pourrait cependant qu’il fût entrepreneur de peinture, son pouce étant parfois marbré de rose et de vert. — C’est peut-être un peintre qui fait des tableaux, reprit Désirée ; mais Céline ne le croyait pas, le monsieur n’ayant pas les cheveux longs et ne portant pas de veston en velours.

Quoi qu’il en fût, la petite pensait que tous ces changements n’étaient guère propres. — Elle ne voyait pas de mal à vivre avec un ouvrier sans avoir défilé devant le bedon d’un maire, c’était simplement godiche, mais sa sœur voulait donc devenir une cocotte qu’elle se laissait embobiner par des aristos ? ça, vraiment, ça n’était pas ho-