Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

norable pour la famille. — Céline avait tort, mais l’autre lui dit qu’elle était encore trop jeune pour rien comprendre aux hommes, et elle se résolut à ne plus lui parler de ses intentions, se réservant de l’éblouir quand elle serait nippée et chapeautée à neuf.

Seulement il se présentait une autre difficulté. Désirée ne pouvait coucher sa mère toute seule. Elle n’était pas forte des bras, et la pauvre femme pesait comme un fût plein. Céline allait être contrainte, tant que son père ne serait pas de retour, à ne plus s’absenter, le soir, ou du moins à ne quitter la chambre qu’une fois la maman roulée sous les couvertures. — Tout cela était peu commode, car enfin, lorsque l’on veut enjôler un homme, il faut des occasions pour lui faire passer devant les yeux le tortillement des hanches, la langueur du sourire, la polissonnerie du regard, toutes les fariboles usitées en pareil cas. Aussi, songeait-elle à la mère Teston comme à une providence, comme à un messie femelle qui lui annoncerait la venue du moment espéré depuis le matin, où elle pourrait gaudrioler, à son aise, dans les bastringues de l’arrondissement.

En attendant, depuis le départ du père, la maison n’était pas gaie. Il leur manquait, le gros homme, avec le gargouillis de sa pipe qui char-