Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/120

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leurs ; pourvu que sa femme fût excentriquement vêtue et qu’elle se laissât traîner dans les parties fines et sur les champs de courses, il se tenait pour satisfait, et puis, il était enchanté d’entendre des gens miséricordieux dire, en levant les yeux au ciel :

— Ce petit imbécile est en train de se faire ruiner.

L’idée qu’il fût capable de manger son capital le ravissait. Marthe fut révoltée par l’ineptie de cet être. Quand il amenait, à sa suite, une ribambelle de galopins barbus, coiffés en drôlesses et confits dans l’opopanax et que, vautrés dans le salon, ils jabotaient, pendant des heures, célébrant avec des enthousiasmes d’idiots la gloire de « Tartine » qui avait gagné d’une longueur sur « Jacinthe », alors que Saxifrage et Mascara s’étaient dérobés à la barrière fixe, elle se froissait les mains avec rage.

Elle eut, il est vrai, des diversions. Le lundi suivant, son cornac entraîna chez elle des hommes sérieux et considérablement ivres qui lui prirent le menton et dirent avec des allures de mystère :

— Vous savez, n’est-ce pas, que demain le marché sera très-indécis, hésitant entre les facili-