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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/150

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dents, et alors, dans le grésillement des pipes, nous décrétions que jamais un artiste ne devait s’enjuponner sérieusement.

« Comme vous me l’avez bâillé belle avec votre liberté que le mariage étranglait ! vous étiez à peine sortis de chez moi que vous couriez la perdre avec des ramassées quelconques ! Ah çà, voyons, est-ce que tu ne les méprisais pas autant que moi, ces filles dont tu te disais épris ? est-ce que, lorsque nous restions en tête à tête avec elles, tous nos instincts de gens bien élevés ne se rebellaient pas devant leur grossièreté native ? est-ce que vous ne finirez pas comme moi, quitte à épouser, comme l’ont fait plusieurs d’entre nous, des filles de sorcières ou de concierges qui se tireront les cartes et ne se peigneront plus, le jour où elles auront traîné leur robe sur le parquet d’une mairie ? Et bienheureux encore, les camarades, lorsqu’elles auront des jupes bâties à coups d’épingles et des teignasses qui brandilleront au vent ! Celles-ci se laissent parfois cacher, mais quand on fait comme notre ami Brice, qu’on épouse une fille de bohême, dont Dieu sait qui eût l’entame ! une dondon qui enveloppe de robes carnavalesques ses grâces de laveuse et veut faire la dame,