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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/151

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s’imposant quand même chez les gens qui ne l’invitent pas, les forçant à la faire asseoir devant une table qu’elle devrait desservir, ça devient tout simplement odieux, car celles-là ont des ordures de ruisseau qui leur gargouillent dans la bouche et qu’elles lâchent au dessert, en même temps que les agrafes de leur corset !

« Et voilà où nous en arrivons, nous autres, les indépendants ! Épouser sa maîtresse, c’est être aussi bête que Gribouille qui, de peur de la pluie, se jetait dans l’eau ; et puis encore faut-il en trouver des maîtresses, j’en ai eues, parbleu ! des femmes à tant le verre, mais j’avais le vin triste ! Et c’est alors que j’ai couru après ces fillettes qui se pendent, le dimanche, au bras des ouvriers ; mais elles ne m’ont pas aimé, moi ! Je n’étais pas de leur monde, elles me trouvaient poseur, embêtant enfin, et pourtant, l’une s’amouracha de moi pendant huit jours. Ce fut accablant, mon cher, je dus sortir avec elle en cheveux, supporter ses rires éclatants dans la rue, subir ces abominables expressions : « vrai, pour sûr, oh alors ! »

« Eh bien ! c’est à la suite de ces promenades que j’en vins à chercher, parmi les filles les plus pimentées de toilettes, à trouver des réveillons de