Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/30

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pipe, une autre ; après un amant, un second. Cette fois, elle voulut aimer un jeune homme, comme si cela se commandait ! Celui-là l’aima… presque, mais il fut si doux et si respectueux qu’elle s’acharna à le faire souffrir. Ils finirent par se séparer d’un commun accord. — Oh ! alors, elle fit comme les autres ; une semaine, trois jours, deux, un, la rassasièrent avec leur importunité des caresses subies. Sur ces entrefaites, elle tomba malade et, dès qu’elle se rétablit, fut abandonnée par son amant ; pour comble de malheur, le médecin lui ordonna expressément de ne pas continuer son métier de souffleuse de perles. Que faire alors ? Que devenir ? C’était la misère, d’autant plus opprimante que le souvenir du bien-être qu’elle avait goûté avec son premier homme lui revenait sans cesse. Elle s’essaya dans d’autres professions, mais les faibles salaires qu’elle obtint la détournèrent de tenter de nouveaux efforts. Un beau soir, la faim la roula dans la boue des priapées ; elle s’y étendit de tout son long et ne se releva point.

Elle allait alors à vau-l’eau, mangeant à même ses gains de hasard, souffrant le jeûne quand la bise soufflait. — L’apprentissage de ce nouveau