Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/26

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intense ; entre autres, celui de la « nuit obscure » dans laquelle est tout à coup plongée l’âme du chrétien, lorsque assaillie de doutes contre la Foi, elle appelle Dieu en vain et s’effraie d’être environnée de silence et de néant.

De tels récits empruntent à la sincérité de l’écrivain, une grandeur religieuse, une force de pathétique et une pitié poignante, dont je ne crains pas de dire que la littérature, depuis saint Augustin, Pascal et Bossuet, s’était vraiment déshabituée.

Mais cette seconde partie d’En route n’est, en quelque sorte, que l’épilogue du drame qui achevait de se jouer dans la conscience de Durtal. Puisqu’il avait eu la force de consentir à l’immolation, il fallait qu’il passât par ces transes de la vie purgative et il était assuré d’en sortir vainqueur, du moment qu’il n’avait pas contrevenu aux ordres du Ciel.

Réconcilié maintenant, au prix de ses larmes, il va s’attacher à l’œuvre de sa perfection spirituelle, s’engager, s’il le peut, dans les sentiers mystiques de la vie illuminative. Et c’est dans cette tâche, menée jusqu’à sa mort, que je voudrais le montrer, en me servant des renseignements que nous livrent Sainte Lydwine et L’oblat.

Et d’abord quel homme était-il devenu ? « Je suis encore, écrivait-il à la fin d’En route, trop homme de lettres pour faire un moine et je suis