Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/27

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cependant trop moine pour rester parmi les gens de lettres. »

Moine, il ne le sera jamais effectivement ; ou, du moins, il le sera d’âme et d’intention, sous l’habit d’oblat bénédictin ; mais homme de lettres, il continuera de l’être à sa façon, qui fut une façon assez rare et nouvelle. Et, de cette alliance du froc et de la plume, résultera le type unique dont s’enorgueillissent, à la fois, l’Église et la littérature ; car en somme ce n’était pas un écrivain perdu pour les lettres et c’en était un gagné pour la religion.

Il avait, nous l’avons vu, lancé l’anathème contre le naturalisme et renoncé à la poursuite du document humain, à travers les cloaques de Zola. Mais on ne tue pas un naturaliste comme cela ! Et les gens de cette espèce, quand ils sont morts, se portent assez bien. Les pages vertes d’En route, si remplies de détails licencieux et de descriptions brutales, en peuvent témoigner. Mais il ne faut pas oublier que quelques années de pratique pieuse amèneront Huysmans à émonder son talent de tout ce qu’il promettait encore de provocant et de scabreux.

Il restera l’écrivain des réalités exactes et pittoresques ; le peintre qui excelle à plaquer la lumière sur les choses à l’accrocher aux moindres saillies, à l’opposer aux ombres nettes et résolues. Artiste jusqu’aux moelles, ennemi sans rémission du truquage et du cliché, il n’aura