Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/90

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et remit, après les avoir nettoyées, celles qui n’étaient pas hors d’usage, en place. Son diagnostic fut qu’elle était affligée d’une putréfaction de la moelle qu’il attribua assez bizarrement à cette cause que Lydwine ne salait jamais ses aliments ; il ajouta, en se retirant, qu’une nouvelle maladie, l’hydropisie se produirait à bref délai, et ses prévisions se réalisèrent ; l’hydropisie s’attesta dès que les ulcères soignés par les solutions et les compresses du médecin de Cologne se fermèrent. Quand ils ne suppurèrent plus, la malheureuse gonfla et regretta d’avoir échangé, contre un pire, son mal.

Et cet incroyable assaut de calamités physiques, elle l’endura pendant trente-huit années ; elle n’eut, durant ce temps, pas un instant de répit, pas une heure de bon.

Il convient de remarquer maintenant que parmi ces méchéances dont elle souffrit, deux sont comprises dans les trois fléaux venus de l’Orient qui désolèrent l’Europe pendant le Moyen Âge : le mal des ardents, une sorte d’ergotisme gangreneux, brûlant ainsi qu’un feu caché les chairs des membres et délitant les os, jusqu’à ce que la mort achevât le supplice ; la peste noire qui, selon l’observation d’un médecin de l’époque, « se déclarait avec fièvre continue, apostèmes et carboncles ès parties externes, principalement aux aisselles et aux aisnes et l’on en mourait en cinq jours ».

Reste donc le troisième fléau qui fit, lui aussi, le désespoir de ces siècles, la lèpre.