Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/92

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elle le conduisait processionnellement à la cabane qui lui était destinée ou à la maladrerie, s’il en existait une, dans le pays ; on lui lisait les effrayantes prohibitions qui le retranchaient du nombre des vivants, l’on jetait trois pelletées de terre, prises dans le cimetière, sur son toit, l’on plantait une croix devant sa porte et c’était fini du mesel.

Dans certaines contrées de la France, le rituel qui le concernait était plus sinistre encore. Le malheureux féru de la maladie de « Monsieur sainct Ladre » n’entrait à l’église, le jour fixé pour son internement, qu’allongé sur une civière et couvert d’un drap noir, de même qu’un mort. Le clergé chantait le « libera » et faisait la levée du corps. Le lépreux ne se tenait debout qu’une fois arrivé devant le lazaret ou devant la hutte qui devait l’abriter et, là, tête basse, il écoutait la lecture de l’arrêt qui lui enjoignait de ne pas risquer un pied dehors, de ne pas toucher à quoi que ce fût, qui allait jusqu’à lui prescrire de passer sous le vent des personnes saines, si celles-ci venaient par hasard à le croiser.

Les règlements relatifs à la lèpre ont été, à quelques détails près, partout les mêmes. Le Coutumier du comté de Hainaut qui fut, au XIVe siècle, l’une des provinces composant le domaine des Pays-Bas, contient une série d’ordonnances de ce genre. Il est donc certain que si Lydwine avait été atteinte de ladrerie, elle eût été emportée de chez elle et ensevelie, pour ainsi dire, vivante ; elle n’aurait pu recevoir les secours de son père et de sa mère et, après leur décès, de ses neveu