Page:Hyspa - L’Éponge en porcelaine, 1921.djvu/46

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Maintenant parlons un peu du pays.

La Suisse est formée par d’énormes tas de neige, que l’incurie des habitants et les négligences de la voirie ont laissé depuis des années s’accumuler sur certains points jusqu’à 4.412 m. 55 de hauteur. C’est une honte ? On peut s’en rendre compte de visu et mètre en main devant le fameux Finster-Aar-Horn.

Ptolémée et Strabon, nos premiers maîtres en géographie, placent en Suisse le berceau de ce système alpique où viennent se rattacher toutes les chaînes des Alpes ; chaînes au bout desquelles le voyageur est toujours étonné de ne pas trouver la moindre montre en nickel. Chose étrange, en effet, dans un pays si riche en mines d’or, d’argent, de fer, etc., et où toutes les forces physiques et intellectuelles des indigènes s’appliquent à la fabrication des montres, des fromages et autres objets de précision, marchant avec une régularité d’une ponctualité dignes d’horloges.

Un de nos plus éminents géographes contemporains, Maurice Donnay, nous fait judicieusement remarquer que la Suisse couvre, il est vrai, une petite superficie, mais qu’elle se rattrape sur la hauteur ; j’ajouterai à mon tour qu’elle se rattrape aussi sur la profondeur, et que, s’il était permis de développer ce pays sur une surface plane, il sortirait des bornes terrestres. Ce serait terrible !

Quoi qu’on en ait dit, les montagnes de la Suisse ne sont pas à la hauteur.

Qu’est-ce donc, je vous prie, que ce petit blanc-bec de Finster-Aar-Horn comparé à la moindre cime de l’Himalaya ? de l’Himalaya qui s’impose à notre admiration par la noblesse de ses altitudes, de l’Himalaya où l’on voit Son Éminence le Chamalori atteindre sans se hisser et sans effort, la bagatelle de 9.000 mètres et pas un pouce de moins ?