Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/463

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pouvait dire innombrables. La terre en était agitée comme la mer l’est dans ses flots, et ils marchaient à l’instar d’un épais nuage. Celui qui quittait un moment la caravane pour quelque besoin, et qui n’avait pas un signe de ralliement qui l’aidât à reconnaître sa place, ne pouvait la retrouver, à cause de la multitude des gens de la troupe.

Il y avait pour les pauvres voyageurs d’abondants dépôts d’eau, où ils s’abreuvaient, des chameaux pour porter les vivres destinés à en faire des aumônes, ainsi que les médicaments, les sirops et le sucre pour ceux qui tomberaient malades. Quand la caravane campait, on préparait la nourriture dans de grandes chaudières de cuivre, nommées Doçoût (pluriel de dest ; conf. l’Hist. des sult, mamlouks, t. II, 2e part., p. 238, 209, note) ; et l’on donnait à manger aux voyageurs pauvres, ainsi qu’à ceux qui n’avaient pas de provisions. Il y avait en outre dans la caravane bon nombre de chameaux pour servir au transport de tout individu qui se trouvait dans l’impuissance de marcher ; le tout provenant des aumônes et des générosités du sultan Abou Sa’îd.

Ibn Djozay ajoute ici : « Que Dieu honore ce noble surnom !