Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déploient une grande émulation dans les repas qu’ils se donnent les uns aux autres. On raconte d’eux, à ce propos, des histoires étonnantes. Souvent l’un d’eux invite son camarade et lui dit : « Viens avec moi manger du nân et du nâs » ; c’est-à-dire du pain et du lait aigre caillé (nân, dans leur langue, signifie du pain, alkhobz, et mâs [ou plutôt mâst] du lait caillé, alleben) ; mais lorsque cet homme l’aura suivi, il lui fera goûter toutes sortes de mets recherchés, s’efforçant de le vaincre par ce luxe. Les gens de chaque profession mettent à leur tête un chef choisi parmi eux, et qu’ils appellent kélou. Les principaux de la ville en usent de même, sans être gens de métier ; il y a, par exemple, la troupe des jeunes gens non mariés. Ces confréries cherchent à se surpasser l’une l’autre. Quelques-uns de leurs membres en traitent d’autres, afin de montrer ce dont ils sont capables, et déploient la plus grande recherche dans la préparation des aliments, etc. On m’a rapporté que plusieurs d’entre eux traitèrent une autre réunion, et firent cuire leurs mets au feu des bougies ; les autres leur rendirent un repas, et firent cuire leur plats avec de la soie.