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I.

Ibn Batoutah dit (p. 101) que, dans une grande et belle ville, située sur le bord oriental du Sind, et qu’il appelle Djénâny, il rencontra une peuplade nommée les Sâmirah, qui formait la population de cette localité. Il ajoute qu’elle y était fixée depuis l’époque de la conquête de cette ville, du temps de Heddjâdj (vers le commencement du viiie siècle de J. C.). Cette réflexion de notre auteur paraîtrait indiquer qu’il regardait la tribu en question comme d’origine musulmane. Mais des détails qu’il donne plus loin sur quelques coutumes singulières observées par elle, prouvent qu’elle appartenait, au moins pour la majeure partie, à la religion brahmanique. Or Firichtah raconte que la portion inférieure de la vallée de l’indus obéit, pendant un siècle, à une famille de Zémîndâr, ou « tenanciers hindous, » nommés les Soûmarah, [.][1]. Il dit plus loin[2] que Nâssir eddîn Rabâtchah, le premier souverain musulman du Sind, après la mort de Kothb eddîn Aibec, affaiblit tellement les Soùmarah, dont les uns étaient musulmans[3] et les autres infidèles, qu’il ne resta plus entre leurs mains que la ville de Tatta [.], les jungles et les places frontières. Aussi se résignèrent-ils à se livrer à l’agriculture

  1. Firichtah, édit. lithogr. Bombay, 1831, in-fol. t. II, p. 609, lig. 2 et suiv. (Cf. M. Reinaud, Mémoire géographique. historique et scientifique sur l’Inde, p. 256.)
  2. Page 610, lignes 3 et suiv.
  3. L’émîr Ounâr Assâmiry, dont parle notre auteur (p. 105), avait aussi embrassé l’islamisme. Plus loin (p. 137), Ibn Batoutah mentionne un prince musulman appartenant à la tribu des Sâmirah du Sind.