à propos de l’entrevue qui eut lieu entre le sultan Mo’izz oddîn et son père, Nâssir eddîn, à savoir, quelle fut appelée la rencontre ou conjonction des deux astres heureux, et que les poètes la célébrèrent en foule. Or Firichtah, qui place, il est vrai, cette entrevue sur le fleuve Sérou (Sareyou ou Goggrah), et non sur le Gange, et qui la met deux années après l’époque que semble indiquer Ibn Batoutah, cite un poëme qui fut composé à cette occasion par le célèbre émir Khosrew Dihléwy, et qui porte le titre de Mesnéwy de la conjonction des deux astres heureux[1].
Si, pour les temps antérieurs à l’avènement de Mohammed ibn Toghlok chah, le récit d’Ibn Batoutah, quoique intéressant et souvent plus détaillé que ceux des historiens dont les ouvrages sont à notre disposition, ne peut passer cependant que pour un écho fidèle des bruits qui avaient cours parmi les personnes instruites, à l’époque où il visita l’Inde, il en est tout autrement d’une grande portion de ce qu’il nous apprend touchant le règne de ce second empereur de la dynastie toghlokide. Notre voyageur a passé plusieurs années dans les États, ou même à la cour de ce souverain ; les importantes fonctions de judicature dont il fut investi par lui le mirent en relation avec la plupart des personnages influents de l’empire, enfin, il accompagna le camp impérial dans plus d’une circonstance mémorable. On ne peut donc refuser à la plus grande partie de ce qu’il nous raconte sur les actions de ce prince, la confiance due à tout témoin fidèle et désintéressé.
- ↑ T. I, p. 148, 149 ; Cf. Khondémîr, t. III, fol. 102 v°. Le ineme ouvrage d’émîr Khosrew est encore cité sous ce même titre, dans un passage du Khilâcet attéwârîkh, transcrit par M. Ed. Thomas, op. supr. laud., p. 127, l. 5.