Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/304

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Kaboûlah prit avec sa main le pied du fils du calife et le plaça sur le cou du souverain, qui se leva alors et dit : « Je sais maintenant que tu es satisfait de moi, el je suis tranquille. » Ceci est une histoire singulière, et l’on n’en connaît pas la pareille de la part d’un autre roi.

Je me trouvais un jour de fête avec ce Ghiyâth eddîn, au moment où le grand roi Kaboûlah lui apporta, au nom du sultan, trois vêtements d’honneur fort amples. En place des nœuds ou boutons en soie qui servent à les fermer, on y avait mis des boutons de perles, du volume d’une grosse noisette. Kaboûlah attendit à la porte du palais la sortie du fils du calife, et le revêtit desdits habillements. En somme, les dons que ce personnage a reçus du sultan de l’Inde ne peuvent être ni comptés ni déterminés. Malgré tout cela, le fils du calife est la plus avare des créatures de Dieu ; et l’on connaît de lui, à ce sujet, des aventures étonnantes, qu’il peut être agréable d’entendre. On pourrait dire qu’il occupe, parmi les avares, le rang que le sultan tient parmi les généreux. Nous allons raconter quelques-unes de ces aventures.