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DIVERSES ANECDOTES SUR L’AVARICE DU FILS DU CALIFE.

Des rapports d’amitié existaient entre moi et le fils du calife ; j’allais souvent chez lui, et lorsque je partis, je lui laissai même un de mes fils, du nom d’Ahmed. Maintenant je ne sais pas ce qu’ils sont devenus l’un et l’autre. Je dis un jour au fils du calife : « Pourquoi manges-tu tout seul, et ne réunis-tu point tes compagnons pour le repas ? » Il me répondit : « Le cœur me manque de les voir en si grand nombre, et tous manger mon pain ! » Ainsi, il se nourrissait isolément, il donnait à son ami Mohammed, fils d’Aboû Accharafy, une partie des aliments pour les personnes qu’il voulait, et s’emparait du reste.

J’allais et venais dans sa demeure, ainsi que je l’ai dit, et je voyais au soir le vestibule du palais qu’il habitait, tout à fait obscur ; aucune lampe ne i’éclairait. Souvent j’ai aperçu Ghiyâth eddîn ramassant dans son jardin de petites branches de bois à brûler, dont il avait déjà rempli des magasins. Je lui fis quelques observations sur cela ; mais il me répondit : « On en a besoin. » Il employait ses compagnons, ses mamloûcs.