Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/318

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au palais du sultan et désira entrer. Le chef des perdehdârs, qui sont les principaux huissiers, lui défendit l’entrée ; mais il ne l’écouta point et voulut s’introduire de force. Alors l’huissier le saisit par sa dabboûkah, c’est-à-dire sa « tresse de cheveux, » et le tira en arrière. L’émîr, indigné, le frappa, avec un bâton qui se trouvait là, au point de le blesser et de faire couler son sang. Le personnage battu était un des principaux émirs ; son père était appelé « le kâdhi de Gaznah ; » il était de la postérité du sultan Mahmoud, fils de Sebuctéguîn, et le souverain de l’Inde, en lui adressant la parole, le nommait toujours « mon père. » Il nommait son fils, dont il est ici question, « mon frère. » Celui-ci entra tout ensanglanté chez le sultan, et l’informa de ce qu’avait fait l’émîr Ghada. Le monarque réfléchit un instant, puis il lui dit : « Le juge décidera de la chose entre vous deux ; c’est là un crime que le sultan ne peut pardonner à aucun de ses sujets, et qui mérite la mort. Je consens pourtant à user de tolérance, à cause que le criminel est un étranger. » Le juge Camâl eddîn se trouvait présent dans