Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/332

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probes et des plus vertueux ; il avait l’habitude de jeûner quatorze jours de suite. Les deux sultans Kothb eddîn et Toghlok le vénéraient, le visitaient et imploraient sa bénédiction. Quand le sultan Mohammed fut investi du pouvoir, il voulut faire remplir au cheïkh quelque charge dans l’état ; mais celui-ci refusa. C’était l’usage chez ce souverain d’employer les jurisconsultes, les cheïkhs et les hommes pieux ; il se fondait sur ce que les premiers princes musulmans, que Dieu soit satisfait d’eux ! ne donnaient les places qu’aux savants et aux hommes probes. Il s’entretint à ce sujet avec Chihâb eddîn, à l’occasion d’une audience publique ; celui-ci refusa et résista. Le sultan en fut indigné, et il commanda au jurisconsulte vénéré, le cheïkh Dhiyâ eddîn assimnâny, d’arracher la barbe de Chihâb eddîn. Dhiyà eddîn ne le voulut pas, et il dit : « Je ne ferai jamais cela. » Alors le souverain donna l’ordre d’arracher à tous les deux les poils de leur barbe ; ce qui eut lieu.

Le sultan relégua Dhiyâ eddîn dans la province de Tiling ;