Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/357

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que le raïa habitait. Ce prince possédait des contrées situées sur des montagnes inaccessibles ; et c’était un des principaux sultans des infidèles.

Lorsque Béhâ eddîn se dirigea vers ce souverain, il fut poursuivi par les soldats du monarque de l’Inde, qui cernèrent ces contrées. Le prince infidèle ayant aperça dans quel danger il se trouvait, puisque les grains qu’il tenait en réserve étaient épuisés, et qu’il pouvait craindre qu’on ne s’emparât par force de sa personne, dit à Béhâ eddîn : « Tu vois où nous en sommes ; je suis décidé à périr, en compagnie de ma famille et de tous ceux qui voudront m’imiter. Va chez le sultan un tel (il lui nomma un prince hindou) et reste avec celui-ci, il te défendra. » Il envoya quelqu’un avec lui pour l’y conduire ; puis il commanda de préparer un grand feu, qu’on alluma. Alors il brûla ses effets et dit à ses femmes et à ses filles : « Je veux mourir, et celles d’entre vous qui voudront agir comme moi, qu’elles le fassent. » On vit chacune de ces femmes se laver, se frotter le corps avec le bois de sandal nommé almokâssiry, baiser la terre devant