le râï de Canbîlah, et se jeter dans le bûcher ; elles périrent toutes. Les femmes de ses émîrs, de ses vizirs, et des grands de son état les imitèrent ; d’autres femmes encore agirent de même.
Le râï se lava à son tour, se frotta avec le sandal et revêtit ses armes, mais ne mit pas de cuirasse. Ceux de ses gens qui voulurent mourir avec lui, suivirent en tout point son exemple. Ils sortirent à la rencontre des troupes du sultan et combattirent jusqu’à ce qu’ils fussent tous morts. La ville fut envahie, ses habitants furent faits captifs, et l’on prit onze fils du râï de Canbîlah, qu’on amena au sultan, et qui se firent musulmans. Le souverain les créa émîrs et les honora beaucoup, tant à cause de leur naissance illustre qu’en considération de la conduite de leur père. Je vis chez le sultan, parmi ces frères, Nasr, Bakhtiyâr et Almuhurdâr « le gardien du sceau ». Celui-ci tient la bague dont on cachette l’eau que doit boire le monarque (sans doute l’eau du Gange ; cf. ci-dessus p. 96) ; son surnom est Aboû Moslim, et nous étions camarades et amis.