Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/464

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sultan dit : « Comment cela ? » L’autre reprit : « Ô maître du monde, celui-ci est le juge, et ces pâtisseries sont ses petites bouchées, car c’est lui qui les a apportées. » Le monarque sourit, et répliqua : « Tu as raison. »

Après le repas, nous mangeâmes les pâtes douces, puis nous bûmes la bière, prîmes le bétel, et nous nous retirâmes. Peu d’instants se passèrent, et je vis arriver vers moi le trésorier, qui me dit : « Envoie tes compagnons pour toucher l’argent, » Je les envoyai, puis je retournai chez moi après le coucher du soleil, et trouvai la somme à la maison. C’étaient trois sacs, contenant ensemble six mille deux cent trente-trois tengahs, c’est-à-dire le change des cinquante-cinq mille dinars (d’argent) dont j’étais endetté, et des douze mille que le sultan avait ordonné de me payer précédemment, déduction faite toutefois du dixième, suivant l’usage de l’Inde. La valeur de la pièce appelée tengah est de deux dinars et demi, en or du Maghreb.