Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/56

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droit où commence la Chine, s’y arrêta, et envoya à la Chine un jeune esclave, à lui appartenant, avec ce qu’il possédait de marchandises. L’esclave tarda à revenir. Sur ces entrefaites, un marchand arriva de la patrie du chérîf à Almâlik et se logea dans le même caravansérail que lui. Le chérîf le pria de lui prêter quelque argent, en attendant le retour de son esclave. Le marchand refusa ; ensuite il ajouta à la honte de la conduite qu’il avait tenue en manquant de secourir le chérîf, celle de vouloir encore lui faire supporter la location de l’endroit du khân où il logeait lui-même. Le chérîf apprit cela ; il en fut mécontent, entra dans son appartement et se coupa la gorge. On survint dans un instant où il lui restait encore un souffle de vie, et l’on soupçonna de l’avoir tué un esclave qui lui appartenait. Mais il dit aux assistants : « Ne lui faites pas de mal ; c’est moi qui me suis traité ainsi ; » et il mourut le même jour. Puisse Dieu lui faire miséricorde !

Ce chérîf m’a raconté le fait suivant, comme lui étant arrivé. Il reçut un jour en prêt, d’un certain marchand de Damas, six mille dirhems. Ce marchand le rencontra dans