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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/76

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de commettre des actes illégaux ou tyranniques. Il lui pariait avec dureté ; le sultan se taisait et pleurait. Le cheïkh n’acceptait aucun présent du prince, ne mangeait même pas à sa table, et ne revêtait pas d’habits donnés par lui ; en un mot, c’était un des plus vertueux serviteurs de Dieu. Je voyais souvent sur lui une tunique d’étoffe de coton, doublée et piquée de coton, tout usée et toute déchirée. Sur sa tête il portait un haut bonnet de feutre, dont le pareil pouvait valoir un kîrâth (petite pièce de monnaie), et il n’avait pas d’imâmah (pièce de mousseline que l’on roule autour de la calotte ; turban). Je lui dis un jour : «  mon seigneur, qu’est-ce que cette tunique dont tu es vêtu ? Certes, elle n’est pas belle. » Il me répondit : « mon fils, cette tunique ne m’appartient pas, mais elle appartient à ma fille. » Je le priai d’accepter quelques-uns de mes vêtements. Il me dit : « J’ai fait vœu à Dieu, il y a cinquante ans, de ne rien recevoir de personne ; si j’acceptais un don de quelqu’un, ce serait de toi. »

Lorsque j’eus résolu de partir, après avoir séjourné près