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TRIBUS ARABES.

Rîah, et surtout des Aulad-Mohammed, branche des Douaouida, qui parcourent régulièrement leur territoire pour y faire acte d’autorité. Ils obéissent au seigneur du Zab, parce qu’il demeure près d’eux et que sa protection leur est utile ; aussi, ne manque-t-il jamais de requérir leurs services au besoin : tantôt, c’est pour escorter une caravane, tantôt, pour aider ses troupes à faire le siége de quelque ville de la province du Zab, et tantôt pour exécuter d’autres commissions.

Le droit de commander à toutes les branches des Amour, appartient surtout aux Aulad-Chokr. Cette famille se fixa dans le Mont-Rached [le Djebel-Amour] ; mais elle se livra, plus tard, à des querelles intestines qui amenèrent l’expulsion des Aulad-Zekrîr par les Aulad-Mihya-Ibn-Saîd. La famille vaincue, alla s’établir dans le Mont-Keçal, à l’occident du Mont-Rached, et la guerre civile se maintint très-longtemps entre les deux partis.

Les chefs de la tribu de Zoghba s’étant ensuite partagé le pays, les Aulad-Mihya, habitants du Mont-Rached, se trouvèrent placés sous l’autorité de la tribu de Soueid, branche des Zoghba. Une confédération se forma entre ces deux peuples, pendant que les Aulad-Zekrîr, habitants du Keçal, contractèrent une alliance avec leurs nouveaux maîtres, les Beni-Amer.

Les Noder, une des branches nomades de la tribu de Zoghba, s’immisçaient dans ces querelles, prêtant leur appui tantôt à l’un des partis, et tantôt à l’autre, comme nous le raconterons dans notre chapitre sur les Zoghba.

Un peu avant notre temps, les Aulad-Mihya eurent pour cheikh un nommé Amer-ben-bou-Yahya-Ibn-Mihya. Cet homme jouissait d’une haute réputation chez eux ; s’étant jeté dans la dévotion, il fit le pèlerinage de la Mecque et rencontra en Egypte le principal cheikh des Soufis, Youçof-el-Kourani, et apprit de lui les doctrines de cette secte. Rentré au milieu de son peuple, Amer en convertit la plus grande partie aux opinions qu’il venait d’adopter. Il fit alors la guerre aux Noder, cette population nomade qui infestait le pays, et il ne leur donna aucun répit, jusqu’à ce qu’un certain jour[1], étant à la chasse, il tomba

  1. Dans le texte arabe il faut lire Bâd-el-Aiyam.