Lemaïa, il les rallia autour de lui et, s’en étant fait proclamer khalife, il résolut de fonder une ville qui lui servirait de siége de gouvernement. On bâtit par son ordre la ville de Tèhert sur le flanc du Djebel-Guezoul, montagne qui forme la limite du plateau de Mindas. Au pied de cette nouvelle capitale coulait le Minas, rivière qui a ses sources du côté du midi et qui se jette dans le Chélif après avoir passé auprès d’El-Bat’ha. Tèhert, dont Abder-Rahman posa les fondements en l’an 444 (761-2), s’agrandit beaucoup pendant son règne. Après sa mort, le trône fut rempli par son fils Abd-el-Ouehhab. En l’an 196 (811-2), ce souverain, qui était en même temps chef de la secte eibadite, parut devant Tripoli à la tête d’une armée composée de Hoouara [et d’autres Berbères]. Abd-Allah, fils d’Ibrahim-Ibn-el-Aghleb, gouvernait cette ville au nom de son père, quand il s’y vit bloquer par l’ennemi. Ce fut pendant ce siége qu’il apprit la mort de son père, et voulant se rendre tout de suite à Cairouan pour y prendre le haut commandement ; il acheta la paix d’Abd-el-Ouehhab, en cédant aux Berbères qui avaient suivi ce chef la possession de tout le pays ouvert. Abd-el-Ouehhab se retira alors du côté de Nefouça et laissa Abd-Allah partir pour Cairouan. Meimoun, fils et successeur d’Abd-el-Ouehhab, prit le titre de khalife en sa qualité de chef des Eibadites et des Sofrides-ouaceliens. Ces derniers, à eux seuls, lui fournissaient trente mille partisans, tous nomades et vivant sous la tente. La famille des Beni-Rostem régnait encore quand ses voisins, les Maghraoua et les Beni-Ifren, s’emparèrent de Tlemcen, et, comme ces peuples voulaient la contraindre à reconnaître la souveraineté des Idrîcides, elle soutint une guerre contre eux. Ce fut en l’an 173 (789-90), que les Zenata avaient pris le parti d’Idrîs. Les Rostemides leur résistèrent avec succès, et quand ils succombèrent, en l’an 296 (908-9), ce fut devant les armes d’Abou-Abd-Allah-es-Chîi. Ce général renversa leur puissance et s’empara de Tèhert, après avoir subjugué l’Ifrîkïa et fait reconnaître l’autorité d’Obeid-Allah le fatemide dans toutes les parties du Maghreb central et du Maghreb el-Acsa. La dynastie des Rostemides disparut ainsi devant la dynastie naissante des Fatemides.
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LES LEMAÏA — BENI-FATEN.