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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/529

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EN-NOWEIRI.

Le règne d’Ibrahîm dura jusqu’en l’an 196 : il mourut le 21 du mois de Choual (juillet 812), à l’âge de cinquante-six ans, après avoir gouverné pendant douze ans, quatre mois et dix jours. Il était jurisconsulte, orateur et poète ; il se distinguait par sa prévoyance, sa vigueur et sa résolution ; habile dans l’art et les ruses de la guerre, doué d’un courage à toute épreuve, il se faisait obéir jusque dans les pays de son empire les plus éloignés, pendant qu’il s’illustrait par l’excellence de son administration. « Jusqu’alors, dit Ibn-er-Rakîk, l’Ifrîkïa n’avait jamais possédé de gouverneur plus juste, plus habile, plus humain envers ses sujets, et plus ferme dans l’exercice du pouvoir. Il avait beaucoup étudié, et fréquenté assidûment les leçons d’El-Leith-Ibn-Sâd. » L’histoire nous a conservé de lui une foule de traits et de souvenirs admirables.

§ XXXIX. — RÈGNE D’ABOU-’L-ABBAS-ABD-ALLAH, FILS D’IBRAHÎM, FILS D’EL-AGHLEB.

L’historien dit : Comme Abou-’l-Abbas-Abd-Allah, fils d’Ibrahîm, se trouvait à Tripoli lors de la mort de son père, ce fut son frère, Zîadet-Allah, qui administra le serment de fidélité aux membres de sa famille et à tous les grands officiers de l’em-


    Allah rassembla d’autres troupes, et ayant attiré, par ses largesses, une foule de Berbères sous ses drapeaux, il mit les rebelles en déroute et reprit la ville. Bientôt après, Ibrahîm le remplaça par Sofyan-Ibn-el-Medâ, mais celui-ci eut à soutenir les attaques de la tribu de Hoouara et il fallut qu’Abd-Allah marchât à son secours. Arrivé à l’improviste avec une armée de treize mille hommes, Abd-Allah défit les Berbères et occupa la ville dont il s’empressa de réparer les fortifications. Abd-el-Ouehhab-Ibn-Abd-er-Rahman-Ibn-Rostem n’eut pas plutôt appris la nouvelle de cet événement qu’il rassembla une armée de Berbères et vint assiéger Tripoli, qu’il fit bloquer du côté de la porte de Zenata, pendant qu’il dirigeait ses attaques contre la porte de Hoouara. Le siége durait encore quand Abd-Allah apprit la mort de son père. Il fit aussitôt la paix avec Abd-el-Ouehhab, en lui cédant la province de Tripoli, tout en se réservant la possession de la ville et la souveraineté de la mer. — (Ibn-Khaldoun.)