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LES BENI-MEKKI 159

leur procura un grand accroissement de considération. Etant parvenus à éteindre les dernières lueurs de l'influence exercée par leurs rivaux, les Beni-Moslem[1] en les accusant d’avoir soutenu Ibn-Ghanîa, ils occupèrent eux-mêmes toutes les places du grand conseil de la ville et conservèrent leurs avantages pendant les règnes d’Abou-Zékérïa I et de son fils, El-Montancer. Ensuite eut lieu l’assassinat d’El-Ouatbec-el-Makhlouê, fils d’El-Mostancer, et de ses enfants par leur oncle, le sultan Abou-Ishac, événement qui donna naissance à l’affaire de l’imposteur Ibn-Abi-Omara. Cet homme s’étant fait seconder par Nacîr, affranchi de la famille hafside qui cherchait à venger la mort de ces princes, se donna pour El-Fadl, fils du sultan El-Makhlouê, et réussit à tromper toute la nation. Quand Nacîr eut publiquement appuyé les prétentions d’Ibn-Abi-Omara et décidé les Arabes à le soutenir, ces nomades suivirent l’exemple d’Abd-el-Mélek-Ibn-Othman-Ibn-Mekki, chef de Cabes, qui fut le premier à envoyer ses hommages au faux El-Fadl. Les habitants de Cabes cédèrent à l’influence de leur chef et envoyèrent aussi prétendant l’assurance de leur dévouement. Par cette conduite, Abd-el-Mélek acquit une haute position à la cour de l'usurpateur. Aussi, en l’an 681 (1283), quand ce fantôme de khalife monta sur le trône[2], le représentant de la famille Mekki obtint la direction des finances de l’état, avec le droit de nommer aux emplois et de renvoyer les agents qui ne lui plaisaient pas. Il fut même autorisé à fixer le montant des impôts, à en faire la répartition et à régler les comptes de tous les employés de son administration. Ibn-Abi-Omara lui donna de plus une forte somme d’argent, tirée du trésor public, et lui assigna d’abondantes rations et un traitement considérable. Parmi les cadeaux qu’il lui envoya fut celui de toutes les jeunes esclaves qui se trouvaient dans le palais du feu sultan. En 683 (1284), quand la mort de l’imposteur permit au

  1. Ici, le texte arabe porte Beni-Selim.
  2. Expression tirée du Coran ; sourate 38, verset 33.