Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/154

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��PROLÉGOMÈNES

��Djâfer le garda ainsi pendant quelque temps; mais ensuite, par un effet de sa présomption, il rendit la liberté au captif, de son autorité privée , et le laissa s'en aller. Il prétendait par cet acte montrer com- bien il respectait ^ le sang de la famille du Prophète , mais dans la vérité il voulait faire voir qu'il pourrait tout oser auprès du sultan, Er-Rechîd, à qui l'on avait dénoncé cet acte, questionna Djâfer, et celui-ci, voyant que le khalife savait tout, avoua qu'il avait relâché le prisonnier. Er-Rechîd fît semblant d'approuver sa conduite, mais il en garda néanmoins un profond ressentiment. Par de semblables actions, Djâfer prépara la voie à sa ruine et à celle de toute sa fa- mille, de sorte qu'à la fin l'édifice de leur puissance fut renversé, le ciel de leur gloire s'écroula sxir eux, la terre s'affaissa en les entraî- nant, eux et leur maison, et leur chute devint pour la postérité un exemple instructif. Quiconque examinera la marche de l'empire abba- cide et la conduite des Barmékides, trouvera nos observations bien fondées et reconnaîtra qu'il y avait assez de causes réelles pour amener cet événement. Voyez ce que rapporte Ibn Abd-Rabbou ^ touchant la conversation que Dawoud, fils d'Ali, oncle paternel de son grand-père, eut avec Er-Rechîd, au sujet de la chute des Barmékides; voyez ce que le même auteur dit dans le livre intitulé El-Icd, au chapitre des poètes, de l'entretien qu'El-Asmàï^ eut avec Er-Rechîd et Fadl, fils de Yahya, dans une de leurs conversations familières. Vous comprendrez alors que leur perte a été l'effet de la jalousie et de l'envie qu'ils s'étaient attirées, tant de la part du khalife que de celle des gens de la cour, en s'emparant de tout le pouvoir administratif. Une chose

��' Il faut remplacer Uo^ par Le^ dans le texte arabe.

' Pour *»î Ooc, lisez luj o^. — Abou Omar Ahmed Ibn Abd Rabbihi, (le fils du serviteur de son seigneur) ou, comme on prononce vulgairement, Ibn Abd Rabbou, était natif de Cordoue. Comme philologue et comme poète, il a oui d'une grande célébrité. Son ouvrage

��le plus vanté porte le titre d'Icd (Collier), et se compose de trente chapitres, dont chacun traite un sujet différent. Cet au- teur mourut en l'an 828 (989 -gAo de J. C).

' Abou Saîd Abd el-Melek ibn Coraïb el-Asmaï , célèbre philologue arabe et nar- rateur d'anecdotes historiques, mourut vers l'an 216 (83i-832 de J. C).

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