Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUN. 31

qui a encore contribué à leur chute, c'est que leurs ennemis, parmi les courtisans, employèrent adroitement contre eux les poêles musi- ciens, auxquels ils firent chanter, pour que le khalife en eût les oreilles frappées, des paroles capables de susciter dans son cœur un vif ressentiment (contre les Barmékides). Tels sont ces vers :

Plût à Dieu que Hind' accomplît envers nous ses promesses et guérît nos âmes affligées !

Qu'elle prît une fois le droit de commander. Bien faible est celui qui ne sait pas être maître.

Er-Rechîd, entendant ces mots, s'écria : «Oui, par Dieu! celui qui agit ainsi est en effet bien faible. » Par des traits semblables on P. parvint à exciter sa jalousie et à faire tomber sur les Barmékides le poids de sa vengeance. Prions Dieu qu'il nous préserve de la vio- lence des hommes et des atteintes de l'adversité !

Enfin , pour embellir ce roman , on a prétendu qu'Er-Rechîd s'était adonné au vin et s'enivrait avec ses compagnons de plaisir. Mais à Dieu ne plaise^ que nous ajoutions foi à de pareilles imputations contre ce prince! Comment un fait de cette nature pourrait-il se concilier avec ce que nous savons du caractère d'Er-Rechîd, de son exactitude à remplir tous les devoirs de la religion, de la conduite ver- tueuse que lui imposait le rang suprême du khalifat , de son goût pour la société des hommes distingués par leur savoir et leur piété, de ses entretiens avec El-Fodeïl Ibn Eïyad^, Ibn el-Semmak* et El- Omari^; de sa correspondance avec Sofyan*', des» larmes que leurs

' Lesmanuscrilsellagrammaireexigenl * Abou'l-Abbas Mohammed, surnommé

la leçon I<>à* c>;J. Ibn es-Semmak , prédicateur célèbre par sa

  • Pour 4» LiLl , lisez « ir^- science et par sa piété , mourut en l'an

' Pour J--à-àil, lisez jI-iÀil. Fodeïl i83 (799 de J. C). ibn Eïyad commença par détrousser les ' Obeïd Allah Ibn Hafs el-Omari , petit- voyageurs sur les grandes routes, et mou- fils du khalife Omar, compte au nombre rut en odeur de sainteté. S'étant dévoué des Iraditionnistes.

àla vie contemplative, il obtint une grande ° Abou Mohammed Sofyan Ibn Oïaïna,

réputation et prit rang parmi les soiifis célèbre traditionnisle el jurisconsulte ,

les plus illustres. Sa mort eut lieu l'an 187 mourut à la Mecque en l'année 198

(8o3deJ. C). (814 de J.C).

�� �