Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/161

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D'IBN KHALDOUN.

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��l'ont cité avec éloge, et TermidiS dans son recueil intitulé El- Djamé, a rapporté des traditions sur son autorité. Le hafedh^ El-Mo- zeni' assure qu'El-Bokhari, dans un autre ouvrage que son recueil de traditions, a cité Yahya parmi ses garants. Or attaquer le carac- tère de Yahya, c'est attaquer l'autorité de tous ces personnages. Les hommes de mauvaises mœurs lui attribuent un penchant dépravé pour les jeunes gens; mais c'est là un mensonge prononcé à la face de Dieu, une calomnie dirigée contre les savants*. On s'ap- puie, pour justifier ces allégations, sur quelques récits apocryphes; quelques anecdotes invraisemblables qui, peut-être, ne sont que des inventions de ses ennemis; car son mérite éminent et l'amitié que le khalife lui témoignait l'avaient rendu un objet d'envie. Mais le rang qu'il tient dans la science et dans la religion doit le mettre au-des- sus de pareilles inculpations. Ibn Hanbel, ayant entendu parler des soupçons dont Yahya était l'objet, s'écria : « Grand Dieu! grand Dieu! qui a pu dire cela? » Puis il y opposa un démenti formel et s'étendit en éloges sur Yahya. Le cadi IsmaïP, à qui l'on rapporta des propos qui se tenaient relativement au même personnage, s'exprima ainsi : « A Dieu ne plaise que l'honneur d'un pareil homme soit flétri par les mensonges d'un scélérat ou d'un envieux! » Puis il ajouta : « Yahya Ibn Akthem était trop pur devant Dieu pour être coupable de ces penchants infâmes dont on l'accuse. Je connaissais ses senti-

��' Abou Eïça Mohammed et-Termidi, auteur d'un des six grands recueils de tra- ditions, mourut en l'an 379 (892-893 de J. C).

' Hafedh signifie gardien, qui retient en sa mémoire. On donnait ce titre aux doc- teurs qui savaient par cœur un grand nombre de traditions , et qui pouvaient désigner nominativement tous les indivi- dus de la série par laquelle chaque tradi- tion avait passé avant d'arriver jusqu'à eux. Celui qui savait le Coran par cœur recevait aussi le titre de hafedh.

��' Ismaîl el-Mozeni , disciple de l'imam Es-Chafeï, et auteur de plusieurs ouvrages relatifs à la jurisprudence et aux tradi- tions, mourut en l'an 264 (877-878 de J. C).

  • En arabe les aîéma. Chez les musul-

mans la science par excellence est celle de la religion.

' Pour J*ac fwù', faute d'impression as- sez bizarre, il faut lire J.AJtfu^.

' Dans le texte arabe il faut lire JU.

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