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D'IBN KHALDOUN. 69

le précéderait ou le suivrait immédiatement. Mais cette méthode est loin de suffire pour exprimer le son étranger; c'est détourner la lettre écrite de son véritable emploi. Or, comme notre ouvrage devra ren- fermer l'histoire des Berbers et de quelques autres peuples qui n'ap- partiennent pas à la race arabe, et que, dans les noms propres et dans plusieurs mots de leurs langues, il se présentera des sons qui ne se laisseront pas représenter par le moyen de notre système d'écri- ture, et auxquels ne correspond aucun signe conventionnel, j'ai dû chercher le moyen de les exprimer. Trouvant peu satisfaisant le sys- tème qui représente un son étranger par le signe de la lettre arabe qui se rapproche le plus de lui dans la prononciation, et, voyant que ce moyen ne saurait en indiquer complètement la valeur, j'ai adopté pour règle, que je représenterais en ce livre chaque son étranger par la combinaison des deux lettres dont la prononciation s'en rapprocherait le plus, en sorte que le lecteur pourra tenir le milieu entre le son de ces deux lettres, et prononcer la lettre intermédiaire. J'ai em- prunté cette idée à la manière dont les copistes du Coran tracent les lettres qui subissent ïichmam^. Citons, pour exemple, le mot ^I^aJI es-sirat « la voie, » où, selon le système de lecture coranique enseigné P- 55. par Khalef^, le sad [s) doit être prononcé avec un son emphatique', qui se rapproche de celui du za (z). Donc on écrit un sad, dans l'in- térieur duquel on trace la lettre za; de cette manière, on croit avoir indiqué un son qui tient le milieu entre les deux lettres. Quant à moi, si je veux représenter une lettre dont la prononciation tient le milieu entre celle de deux lettres connues, telle que le gaf [g dur) berber, qui est intermédiaire entre le kaf [k) des Arabes, et le djtm {dj), comme dans le nom de Bologgain '^, j'écris d'abord un

' Ichmam, c'est-à-dire , yàire sentir, parce rut à Baglidad, l'an 229 (843-4 de J. C).

que alors on prononce la lettre de manière ' Le manuscrit C porte ^,»3^ (crassius

à faire sentir quelque chose du son d'une pleno(jue ore prolata liltera) ; dans le ma-

aulre lettre. nuscrilD, on lit ^«A/t (inserte liltera), et,

  • Khalef Ibn Hicham el-Bezzar, tradi- dans l'édition deBoulac, ^«j** {peregrina

tionnisteel Zecfeur (c'est-à-dire, sachant les liltera). La bonne leçon paraît être ^»îL«.

diverses leçons du texte coranique) , mou- * Nom d'un souverain appartenant à la

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