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D'IBN KHALDOUN. 75

Encore une histoire absurde rapportée par Masoudi. Selon cet auteur, on voit dans la ville de Rome l'image d'un étourneau, autour de laquelle , dans un certain jour de chaque année , les autres oiseaux de cette espèce se rassemblent en foule, portant chacun une olive. Les fruits arrivés de cette façon servent, dit-il, à fournir aux habitants assez d'huile pour leur consommation. Voyez combien une pareille manière de se procurer de l'huile est en dehors du cours naturel des choses !

On peut ranger p^rmi ces contes ce qu'El-Bekri rapporte au sujet de la ville appelée Dhat el-Abouab^, dont la circonférence était, selon lui, de plus de trente journées de marche, et dont les portes étaient au nombre de dix mille. Or on ne bâtit des villes que pour se mettre en sûreté et se défendre, ainsi que nous le dirons ci-après; quant à celle-ci , il serait impossible de la bloquer, encore moins de s'en faire un asile et une forteresse.

Il en est de même à l'égard de l'histoire que Masoudi raconte P. 60. au sujet de la Ville de cuivre [Medinet en-Nahhas). Selon lui, elle est construite entièrement de cuivre et occupe vm emplacement dans le désert de Sidjilmessa. Mouça Ibn Noceïr arriva devant elle par hasard, lors de son expédition dans le Maghreb. Les portes en étaient fer- mées, et tous les hommes qui osaient escalader les murs ne furent pas plutôt arrivés sur le haut du rempart qu'ils battirent des mains, se précipitèrent dans l'intérieur de la ville et ne reparurent plus. Cela fait partie d'un récit assez absurde pour prendre place au nombre des histoires débitées par les conteurs publics^. Le désert de Sidjil- messa a été parcouru, dans toutes les directions, par des caravanes et des guides, sans que ces voyageurs aient appris la moindre nouvelle de la Ville de cuivre. D'ailleurs tous les détails qu'on donne sur cette place sont absurdes, si on les juge d'après l'expérience journa- lière, et ne peuvent se concilier avec les procédés dont on se sert

' Les Portes caspiennes, Derbend. à Boulac, el dans la traduction anglaise

' En effet, cette histoire se trouve dans de ces contes, par M. Lane, volume III , l'édition 'des Mille et une nuits imprimée p. 118.

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