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78 PROLÉGOMÈNES

découverte à force de recherches, et à la suite de profondes médi- tations. Cette science n'a rien de commun avec la rhétorique, qui est une branche de la logique, et qui se borne à l'emploi de discours persuasifs, propres à amener la multitude à une opinion ou à l'en éloigner. Elle ne doit point non plus être confondue avec la science administrative, qui a pour objet la manière de gouverner une famille ou une ville conformément aux exigences des bonnes mœurs et de la sagesse, de sorte que le peuple soit mis dans une voie qui puisse aboutir à la conservation et à la durée de l'espèce. Si elle paraît offrir quelques traits de ressemblance avec la rhétorique et la science admi- nistratives elle en diffère néanmoins beaucoup. C'est, pour ainsi dire, une science nouvelle, qui s'est produite spontanément; car certes je ne connais personne qui ait composé un traité spécial sur cette ma- tière. J'ignore s'il faut attribuer à la négligence des auteurs l'oubli d'un pareil sujet, ce qui, du reste, ne doit pas nuire à leiu' considé- ration. Peut-être ont-ils écrit sur cette matière et traité le sujet à fond, et leurs livres ne sont-ils pas parvenus jusqu'à nous. En effet, le nombre des sciences est très-grand, ainsi que celui des savants appartenant aux diverses races de l'espèce humaine; mais les connais- sances scientifiques qui ne nous sont pas parvenues dépassent en quantité celles que nous avons reçues. Que sont devenues les sciences des Perses, dont^ les écrits, à l'époque de la conquête, furent anéantis par ordre d'Omar? Où sont les sciences desChaldéens, des Assyriens, des habitants de Babylone.'* Où sont les résultats et les traces qu'elles avaient laissés chez ces peuples.** Où sont les sciences qui, plus an- ciennement, ont régné chez les Coptes? Il est une seule nation, ceMe des Grecs, dont nous possédons exclusivement les productions scien- tifiques, et cela grâce aux soius que prit El-Mamoun de faire tra- p. 63. duire ces ouvrages de la langue originale. Ce prince put réussir dans son entreprise, parce qu'il trouva un grand nombre de traducteurs et qu'il y dépensa beaucoup d'argent. Nous ne connaissons rien des sciences des autres peuples.

' Pour i^jJf, lisez ^^oJ)l. — ' Pour (^jJl, H»ei (^"vJI.

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