Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/204

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menl^ le plus facile qu’ils puissent employer. C’est ainsi que les jurisconsultes, voulant expliquer l’établissement des lois par l’indication des motifs qui ont amené leur promulgation, exposent que la fornication confond les généalogies et nuit à l’espèce, que le meurtre lui P. 64. nuit aussi, que la tyrannie annonce la ruine de la civilisation, d’où résulte nécessairement un grand tort à l’espèce. Nous pourrions citer encore d’autres exemples des motifs qui ont porté le législateur à promulguer certaines lois, et qui reposent tous sur la nécessité de conserver la société. D’après ce que nous venons d’exposer, il est manifeste que ces questions se rapportaient à des circonstances qui affectent la civilisation. Nous rencontrons aussi çà et là d’autres questions du même genre, que les savants ont indiquées sans les traiter à fond.

Dans la fable du hibou, telle qu’elle est rapportée par Masoudi, le moubedan^ dit, entre autres choses, à Behram, fils de Behram : « roi, le souverain n’arrive au faîte de la puissance que par l’observation de la loi , par une soumission entière à Dieu et par l’exactitude ii respecter ses commandements et ses prohibitions. La loi ne peut subsister sans le souverain ; le souverain n’est puissant que par ses soldats; pour entretenir des soldats il faut avoir de l’argent; l’argent ne se procure que par l’agriculture; point d’agriculture sans une juste administration; la justice est une balance dressée par le Seigneur au milieu des hommes, et près de laquelle il a placé un inspecteur, qui est le roi. » Anouchirouan disait sur le même sujet : « Sans armée, point de roi; sans argent, point d’armée; sans impôts, point d’argent; sans agriculture, point d’impôts; sans administration juste, point d’agriculture; sans rectitude de conduite, point de bonne administration; sans l’intégrité des vizirs, point de rectitude de conduite. Le point capital, c’est que le roi examine par lui-même la

  • Pour $$$$, lisez $$$.
  • Mouhedun est le pluriel du mot persan moubed (prêtre des adorateurs du feu). Leur grand prêtre portait le titre de moubedi moubedan (prêtre des prêtres). Les

auteurs arabes ont pris moubedan pour un nom au singulier et lui ont donné pour pluriel mewabeda.