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188 PROLÉGOMÈNES

demanda, entre autres choses, ce que ^ ce réformateur leur ordonnait de faire. Abou Sofyan répondit : « Il nous prescxit la prière, l'aumône, la libéralité et la pureté des mœurs. » A la fin de l'interrogatoire, Hé- P. 168. radius prononça ces paroles : « Si cela est vrai, Mohammed est réelle- ment un prophète , et il étendra sa domination sur tout ce qui est maintenant placé sous mes pieds. » La pureté de mœurs [eïfaf], à laquelle Héraclius faisait allusion, est le synonyme du mot eïsma (soin d'éviter le péché). Vous voyez que ce prince trouvait que la conduite vertueuse de Mohammed, et le zèle qu'il montra à propager la religion et la piété, suffisaient pour démontrer la réalité de sa mission; pour y croire il ne demandait pas des miracles. Cela prouve que la vertu et le zèle pour la religion sont des signes auxquels on reconnaît les hommes ayant le don de la prophétie.

La haute considération dont ces personnages jouissaient chez leurs compatriotes est encore une marque qui sert à les distinguer. On lit dans le Sahîh : « Dieu n'a jamais envoyé aux hommes un prophète qui n'eût pas un bon appui dans son peuple, » ou " qui n'eût pas pour lui une multitude de son peuple. » Cette dernière leçon est fournie par le Hakem ^, dans une correction faite au texte du Sahîh d'El-Bokhari et de celui de Moslem. Le Sahîh nous apprend que, dans l'interrogatoire d'Abou Sofyan par Héraclius, ce prince lui de- manda: « Quel cas fait-on de Mohammed chez vous? — Il jouit d'une haute considération, » répondit Abou Sofyan. — « Ah! s'écria Héra- clius, les prophètes reçoivent leur mission lorsqu'ils sont entourés de l'estime de leurs compatriotes, » c'est-à-dire, lorsqu'ils ont un parti assez fort pour les protéger contre la violence des infidèles, et pour les soutenir jusqu'à ce qu'ils aient rempli leur mission et accompli la volonté de Dieu en achevant le triomphe de la religion et du parti qui la professe.

Pour ^, lisez ^j. posa_ sur les traditions, le Mostadrek (exa-

  • L'imam Abou Abd Allah Moiiamined , men critique des deux Sahîks) et l'IkUl (la

natif de Nîsapour et surnommé El-Hakem , couronne). Il mourut l'an Ao5 (ioi4-ioi 5

était un docteur du rile cliafeïte. Il com- de .1. Cl-

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