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��PROLÉGOMÈNES

��phèle n'y est pour rien. Selon les Motazélites', les actions des hommes sont des effets de leur volonté, mais les miracles restent en dehors P. 169. de la catégorie des actes humains. Les deux partis^ s'accordent à reconnaître que le prophète ne fait qu'annoncer [lahaddi] le miracle et l'amener, avec la permission de Dieu.

Voici en quoi consiste le tahaddi^ : le prophète déclare qu'un mi- racle aura lieu pour démontrer la vérité de sa doctrine; le miracle s'opère et remplace parfaitement une déclaration verbale , par laquelle Dieu donnerait l'assurance que son envoyé est véridique. Pour cons- tater la vérité , une preuve de cette nature est décisive. Il résulte de ces observations qu'un miracle probant consiste en un événement surnaturel joint à une annonce préalable [tahaddi). Donc l'annonce fait partie du miracle, ou bien, pour adopter l'expression* des théolo- giens dogmatiques, elle en est la qualité spécifique et unique, parce qu'elle en est réellement la partie essentielle ^ C'est l'annonce préa- lable [tahaddi] qui distingue un miracle d'un prodige opéré par un favori de Dieu , ou par un magicien. Ces deux dernières manifestations n'ont pas pour but nécessaire de démontrer la véracité d'un individu ;

��' Les Molazélites niaient l'existence d'attributs divins distincts de l'essence de Dieu; ils regardaient le Coran comme créé, et enseignaient que l'homme pos- sède le libre arbitre et qu'il est l'auteur de ses propres actions.

' L'édition de Boulac porte y-i\~^ (jyJsial (les autres théologiens dogma- tiques).

' M. deSacy, dans son Anthologie gram- maticale , fournit trois passages dans les- quels oe mot signifie défi ou sommation de faire une chose surnaturelle. D'après la manière dont ce terme est employé dans les ouvrages théologiques , nous de- vons admettre qu'il a non-seulement cette signification, mais aussi celle de l'annonce préalable d'un miracle, jointe

��à un défi par lequel le prophète somme- rait les infidèles d'opérer un miracle sem- blable.

  • Le mot iX^ est employé ici ad-

verbialement; il est à l'accusatif, comme équivalent de «jy^ ^J.

' Littéral. « car elle en est la réalité de l'essentiel (3ti3JI (^5^^^)-»

  • Les docteurs musulmans désignent

par le mot kerama (jUfy marque défaveur) les choses surnaturelles faites par un oaéli (homme saint, favori de Dieu). Pour dé- signer celles qui sont faites par un pro- phète, ils emploient le terme modjiza (iijjA.0, qui surpasse le pouvoir de l'homme). Dans cette traduction , le mot kerama est toujours rendu par prodige et le mot mo- djiza, par miracle.

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