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D'IBN KHALDOUN. 205

recevant une révélation. Elle a dit aussi : « Une révélation descendit sur lui un jour qu'il faisait très-froid, et, lorsqu'elle eut cessé, son front fut baigné de sueur. » C'est à la même cause qu'il faut attri- buer ce que nous savons de l'absence d'esprit qu'on remarquait en lui et des gémissements qu'il poussait pendant qu'il était dans cet état. Pour expliquer ces phénomènes, il faut se rappeler le principe que nous venons d'établir, savoir, que la révélation se fait de la manière suivante : l'âme du prophète se détache de la nature humaine pour s'élever jusqu'au domaine angélique, où elle entend la parole de l'âme (universelle); or un sentiment de douleur doit avoir lieu toutes les fois qu'une essence quitte son état essentiel et s'en dépouille, afin de pouvoir sortir de sa sphère et s'élever jusqu'à une autre. Voilà ce que signifie l'étoufFement dont parlait Mohammed en dé- crivant la première époque de la révélation. «H m'étouffa, disait-il, au point que je fus excédé de douleur; puis, il me lâcha en di- sant : « Lis. » Je répondis : « Je ne sais pas lire. » Et ceci eut lieu encore deux fois, ainsi que nous le savons par la tradition. En subissant une oppression à plusieurs reprises, on s'y habitue graduel- lement, de sorte que la douleur paraît légère, en comparaison de celle qu'on éprouvait d'abord. Voilà pourquoi les passages du Co- ran, sourates et versets, qui furent révélés au Prophète pendant qu'il était à la Mecque sont plus courts que ceux qu'il reçut ensuite à Médine.

Voyez, par exemple, ce qu'on raconte au sujet de la manière dont la sourate de la Renonciation (la ix*) fut révélée, pendant l'expédi- tion de Tebouk '. Il la reçut, en totalité ou en grande partie, pen- dant qu'il voyageait, monté sur sa chamelle, après avoir quitté la Mecque. Auparavant, il n'avait eu communication que de certaines sourates courtes, comprises maintenant dans le Mofassel- et qui lui venaient, un morceau d'abord, et la suite plus tard. Le verset de la

Voy. YEssai de M. Caussin de Perceval , mence avec la quarante-neuvième sourale t. III, p. 282. et finit avec la dernière.

^ Le Mofassel, partie du Coran qui com-

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