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Le mode d'opération suivi par ces géomanciens leur a fait donner, par les astrologues, le nom de zohériens (serviteurs de la planète Vénus), parce qu'il y a une grande analogie entre leurs procédés et la manière de reconnaître les indications par lesquelles, dit-on, cette planète guide vers la connaissance des choses cachées celui qui prend les nativités pour base de ses opérations. Les gens qui cultivent la géo- mancie ou tout autre art de la même nature , ceux qui inspectent des points, des os ou quelque autre objet, afin d'enlever l'âme à l'influence des sens extérieurs, et lui faire jeter un coup d'œil rapide^ sur le monde des êtres spirituels, ces hommes peuvent se ranger dans la classe de ceux qui prétendent découvrir les choses cachées eu jetant des cailloux, en examinant les cœurs des animaux et en fixant leurs regards sur des miroirs. Quoi qu'il en soit, les gens qui se servent de pareils procédés avec l'intention de connaître les secrets du monde invisible ne font et ne disent rien qui vaille.

La disposition innée qui permet à certaines personnes d'aperce- voir les choses du monde invisible se fait reconnaître de cette ma- nière : lorsqu'elles tournent leur esprit vers la découverte des événe- ments futurs, on remarque qu'au moment de sortir de leur état ordinaire, elles éprouvent, pour ainsi dire, une contraction et une re- laxation (des nerfs), et qu'elles commencent alors à se dégager de l'in- fluence des sens. Ces symptômes varient de force, selon que la fa- culté est plus, ou moins développée dans l'individu. Les personnes chez qui cette agitation ne se montre pas sont incapables d'avoir même la moindre perception du monde spirituel, et, si elles prati- quent leur art, c'est pour donner plus de crédit à leurs mensonges.

Il y a une classe d'hommes qui, par l'emploi d'un système de règles, cherchent à découvrir ce qui est caché : ce système n'a au- cune analogie avec le premier dont nous avons parlé, et qui se rap- porte aux perceptions spirituelles de l'âme; il ne ressemble pas non plus à l'art de former des conjectures en étudiant les influences que Ptolémée prétend" appartenir aux astres; on ne peut pas même l'assi-

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