Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/39

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D'IBN KHALDOUN. xxxi

quand il me choisit pour remplacer Ibn Omar, l'écrivain de Yalama, qu'il venait de destituer parce qu'il avait exigé une augmentation d'appointements. Dès lors j'écrivis Yalama au nom du sultan, c'est- à-dire, je traçai en gros caractères, sur les décrets et lettres impériales, les mots el-hamdo lillahi oaas-chokro lillali (louange à Dieu et recon- naissance à Dieu) entre le bismillah ^ et la suite du texte.

Vers le commencement de l'an yôS (mars-avril i352 de J. C), je sortis de Tunis avec l'armée, mais j'étais bien décidé à la quitter aussitôt que j'en trouverais l'occasion, tant j'éprouvais d'ennui d'être séparé de mes professeurs et mis dans l'impossibilité de poursuivre mes études. Déjà, lorsque le flot de l'invasion mérinide se fut retiré du sol de rifrîkiya pour rentrer dans son lit et que cette tribu, ayant pris ie chemin du Maghreb, pays où il avait ses cantonnements, eut ramené avec elle les savants et les cheïkhs qui l'avaient accompa- gnée dans l'expédition (contre Tunis), je m'étais proposé d'aller les joindre; mais mon frère aîné Mohammed me décida à y renoncer. J'acceptai donc la charge d'écrivain de Yalama, mais avec l'espoir de pouvoir accomplir mon projet et passer dans le Maghreb. Ce que j'avais prévu arriva. Sortis de Tunis, nous allâmes camper dans le pays des Hoouara '^ ; nous rencontrâmes l'ennemi dans la plaine de Mermadjenna', et là nous vimes la déroute totale de notre armée. Je me réfugiai à Obba*, chez le cheikh Abd er-Rahman el-Ousnafi ^ principal marabout de cette localité. De là je passai à Tebessa, et je m'arrêtai pendant quelques jours chez Mohammed Ibn Abdoun, sei- gneur de cette ville. Les routes étant alors devenues plus sûres, je partis avec quelques Arabes qui s'étaient offerts pour m'accompagner, et, arrivé à Gafsa ", j'y passai plusieurs jours en attendant le moment où la route n'offrirait plus de danger.

' Aa nom de Dieu, formule mise en tête ' Voy. ci-devant, p. xvii, note 2.

des livres et de certains documents offî- * Les ruines de cette ville se trouvent

ciels. ausud-est de Kef et à la distanced'environ

' Les Hoouara, tribu berbère, avaient six lieues, laissé leur nom au pays situé entre le Me- ' Var. Ouchnali, Ouchnati.

djerda, l'Auras et le littoral tunisien. " Ou Cafsa, l'ancienne Capsa.

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