Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/391

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DIBN KHALDOUN.

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��science qu'il fallait acquérir par l'élude ; on adopta volontiers la vie des villes et l'on prit l'habitude d'obéir aux ordres du magistrat. Ainsi se perdit l'esprit d'indépendance; il céda, comme on le voit, devant l'influence du gouvernement et de l'éducation, et les hommes se laissèrent alors diriger par une autorité qui est en dehors d'eux- mêmes. La loi .divine ne produit pas cet effet, parce que sa puissance directrice réside dans nos cœurs. Donc une administration prési- dée par un prince et un système d'éducation réglé avec méthode comptent au nombre des causes qui enlèvent aux habitants des villes leur courage et leyr énergie, surtout à ceux qui, depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse, ont subi ces influences oppressives. Il en est bien autrement chez les habitants du désert; ils se tiennent en dehors de l'autorité du souverain et ne s'occupent pas d'études. Abou Mo- hamed Ibn Abi-Zeïd' avait bien pensé à cette influence des écoles, lorsqu'il inséra le passage suivant dans son ouvrage intitulé Guide des précepteurs et des étudiants'^ : « Le maître qui veut forcer un enfant à apprendre sa leçon ne doit pas lui donner plus de trois coups de courroie. » Il rapporte cette parole du Prophète sur l'autorité du cadi Choreïh'. A l'appui de la même tradition on cite ce qui arriva au Prophète lors de la première révélation que Dieu lui envoya; l'ange lui serra le cou trois fois*. Mais ce rapprochement est trop hasardé et ne prouve rien dans le cas actuel, puisque l'acte de serrer le cou

��' Voy. ci-devant, p. 227, noie 3.

' t)si*^[i t;sij^t^«-^f- L'ouvrage dont Ibn Khaldoun donne ici le titre ne se trouve pas indiqué dans le Dictionnaire bibliographique de Haddji Khalifa.

' Abou Oméiya Choréih el-Kindi , un des tabts (disciples des Compagnons de Mohammed), fui nommé cadi de Koufa par le khalife Omar. Il mourut l'an 87 (706 de J. C. ).

' Nous lisons dans le Sahîh d'El-Bo- khari , au commencement de l'ouvrage : « Le Prophète raconta qu'étant dans la grotte

��du mont Hira, il vit approcher un ange qui lui ordonna de lire. Sur sa réponse qu'il ne savait pas lire, l'ange le saisit à la gorge et la lui serra presque au point de l'élouffer. Trois fois l'ange lui adressa le même ordre, trois fois le Prophète fil la même réponse, et trois fois l'ange lui serra le cou. Alors le messager cé- leste lui dit : «Lis, au nom de ton Sei- « gneur, qui a créé tout; il a créé l'homme « d'un caillot de sang. » — Ces paroles font partie du Coran (voyez sour. xcvi), et, selon les musulmans, elles furent

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