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D'IBN KHALDOUN. 277

bres de cette tribu s'accordent les uns aux autres. Il reste toujours ce qu'il était, un simple parasite, un neztp ; tout au plus pourra-t-ii P. 240. compter sur la même protection qui se donne à des aflidés et à des clients. Cela ne lui procure, en aucune façon, la puissance de se faire obéir. Supposons qu'un tel homme se soit parfaitement incorporé dans la tribu, qu'il ait réussi à faire oublier son origine, qu'il se soit assimilé en toute chose à ses protecteurs et qu'il ait adopté leur commun patronymique , cela lui permettra-t-il d'arriver au comman- dement? Avant de s'être attaché à la tribu (il ne le possédait pas), ni lui ni ses aïeux. Le commandement d'un peuple reste toujours dans la famille qui s'en était assuré la possession, grâce à l'appui de ses partisans. Qu'un étranger s'introduise dans la tribu, il ne saurait faire oublier son origine ; on se rappellera toujours qu'il avait été reçu en qualité d'affilié, et cela même suffirait pour l'exclure du commande- ment. Comment donc pourrait-t-il le transmettre à ses descendants, lui qui n'avait jamais cessé d'être un simple dépendant de la tribu .►• Comment aurait-il pu acquérir ce commandement, héritage qui se transmet à ceux qui y ont droit, aux descendants de celui qui, le pre- mier, s'en est emparé avec l'aide de ses amis.»*

Plus d'un chef de tribu et de parti a tenté de s'attribuer ^ une autre origine que la sienne , voulant rattacher sa généalogie à celle d'une famille qui s'était distinguée par sa bravoure , sa générosité ou par quelque autre qualité digne de renom. On se laisse entraîner à prendre un patronymique qui a de si grands attraits, puis on s'efforce de justifier ses prétentions et de démontrer qu'on appartient réelle- ment à la famille dont on a pris le nom. C'est là un faux pas dont on n'apprécie pas toute la gravité; c'est porter atteinte à sa propre consi- dération et à la noblesse de sa race. Encore de nos jours on voit de nombreux exemples de ces folles prétentions. Citons d'abord les Zenata , qui se donnent tous une origine arabe ^ ; puis les Aoulad- Rebab, surnommés les Hidjaziens, et qui forment une subdivision des

' Voyez ci-dessus, page 374. ^ Voyez Histoire des Berbers, t. III,

' La bonne leçon est qj^^Aj. p. i83.

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