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284 PROLÉGOMÈNES

n'appartient qu'aux grandes maisons dont les membres sont animés de l'esprit de corps. Une famille qui admet des étrangers dans son sein, qui affranchit ses esclaves et favorise ses clients, s'en fait des partisans dévoués. Ils s'assimilent, par leurs sentiments et leurs ha- bitudes', aux membres de cette famille; ils participent à leur esprit de P. 246. corps, qui devient alors, pour ainsi dire, le leur, et qui les rend comme des enfants de la maison. Aussi notre saint Prophète a-t-il dit : « Le client d'une famille est un membre de cette famille ; qu'il soit client par affranchissement, ou par adoption, ou par un enga- gement solennel, ce droit lui appartient. » Quand on s'incorpore dans une autre famille , lanoblesse de celle dans laquelle on est né ne compte pour rien ^, car les intérêts de la famille dans laquelle on entre diffèrent de ceux de la famille dont on est originaire. Ainsi l'étranger qui s'est affilié à une tribu oublie les liens de parenté et les sentiments qui l'avaient attaché à la sienne, et il devient effectivement un membre de la maison qui a voulu l'accueillir. Si le client ou le protégé compte plusieurs générations d'ancêtres attachés à cette maison , il participe à lanoblesse de son patron, mais jamais au même degré que les mem- bres-nés de la famille. Tel est le cas avec les clients et les serviteurs de toutes les familles souveraines; ils doivent leur noblesse à leur état de clients, aux emplois qu'ils remplissent auprès du prince et au nombre de leurs aïeux qui ont été au service^ de cette maison. Voyez, par exemple, les Turcs qui étaient au service des Abbacides; voyez encore leurs devanciers, les Barmekides et les Beni-Noubakht (familles vizi- riennes). Attachés à une maison illustre, ils arrivèrent aux honneurs, à une considération réelle et à la gloire, parce qu'ils tenaient inti- mement à la dynastie régnante par les liens de la clientèle. Djafer le Barmekide, fils de Yahya Ibn Khaled, parvint au plus haut degré de la noblesse et de l'illustration, non pas à cause de son origine per- sane, mais parce qu'il était client du khalife (Haroun) er-Rechîd. C'est

' Littéral, «ils se revêtent de la même ' Pour ^î^^, lisez ^aJ^j.

peau qu'eux. » ' Pour c>-*|y , lisez o^çy • (Voy. ci-

' Pour »jLj, lisez »jUj. devant, p. 65.)

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