Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/43

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D'IBN KHALDOUN. xxxv

J'encours la disgrâce du sultan Abou Eïnan.

Vers la fin de l'année 766 (déc. janv. i3Ô5-56 de J. C), le sultan Abou Eïnan m'attacha à son service en me nommant à un emploi dans son secrétariat. Il m'accorda aussi un haut témoignage de sa faveur en me permettant de prendre part aux discussions dont on s'occupait dans les réunions littéraires qui se tenaient chez lui, et en me choisissant pour écrire [taoukiâ] , sur chaque pièce et document soumis à son examen, la réponse qu'il jugeait convenable. Ceci souleva bien des jalousies, et les délations se multiplièrent à un tel point que le prince conçut pour moi une aversion dont on ne saurait exprimer l'intensité '. Vers la fin de l'année 7.57 il tomba malade, et bientôt après il me fit arrêter. Depuis quelque temps une liaison s'était for- mée entre moi et le prince hafside Abou Abd-Allah Mohammed , ex- émir de Bougie , qui , se rappelant le dévouement de mes aïeux à sa famille, m'avait admis dans sa société intime^. Comme je négligeai les précautions que l'on doit prendre en pareil cas^ je m'attirai la colère du sultan. Plusieurs individus, jaloux de ma haute fortune, lui avaient adressé des rapports dans lesquels ils prétendaient que le prince hafside voulait s'enfuir à Bougie et que je m'étais engagé à faciliter son évasion dans l'espoir et avec l'assurance de devenir son premier ministre [hadjeb). Il me fit donc arrêter, maltraiter et em- prisonner. L' ex-émir, qu'il priva aussi de la liberté, fut relâché bien- tôt après; mais ma détention se prolongea jusqu'à la mort du sultan, événement qui eut lieu environ deux années plus tard.

Peu de temps avant son décès, je lui avais adressé ime supplique formant un poëme d'environ deux cents vers*. Il la reçut à Tlemcen

' Un des manuscrits porte : csy^ i>5^ nan avait emmené le prince hafside à Fez. <i\i^ ^^j^_ V uLT'yî ojwÀ.*; on lit ' Quelques pages plus loin, l'auteur

dans un autre : ^f 0^ ooJ^ ^y^ JU ?"•"'« ^"'^"'"^ '^^ ^■"*°" ^^«'; *'^"'^ '^^

é, 1^ hammed. Dans la traduction, j'ai réuni les

I mU ; la bonne leçon parait être : v^va. 1 . •. 1

' '^ deux récits en un seul.

•f ' O^ ià')'^-^ i>4V*x. çjys- « L'auteur insère ici quelques vers de

' Voyez ci-devant, p. xxxii. Abou Eï- ce poëme.

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