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D'IBN KHALDOUN. 337

les châtiments que leur infligeaient les armées musulmanes. Lorsque l'islamisme eut pris pied chez eux, ils retombèrent dans leurs habi- tudes de révolte et embrassèrent les opinions religieuses des Khare- djites. Ces mouvements eurent lieu à plusieurs reprises. « Les Berbers du Maghreb, ditibn Abi Zeïd', apostasièrent jusqu'à douze lois, et la doctrine de l'islamisme ne s'établit définitivement dans leurs cœurs qu'à partir de l'administration de Mouça Ibn Noceïr. » Omar (le kha- life), voulant désigner cet état de choses, disait que flfrîkiya semait la discorde^ dans les cœurs de ses habitants. Par ces paroles il donnait à entendre que cette contrée était remplie de tribus et de peuplades; ce qui portait les habitants à la désobéissance et à finsubordination.

Dans rirac, à la même époque, ainsi qu'en Syrie, un pareil état de choses n'existait pas. L'un de ces pays avait des troupes perses pour le garder, et l'autre, des troupes grecques. Ces armées consis- taient en un mélange de gens de toute espèce, habitants des villes. Quand les musulmans eurent effectué la conquête de ces deux pays, il n'y eut plus de résistance ni de révoltes à craindre. Dans le Maghreb, au contraire, les tribus berbères étaient innombrables; elles s'adon- naient toutes à la vie nomade, et chacune d'elles avait pour se sou- tenir un vif esprit de corps et de famille. Chaque fois qu'une de ces peuplades venait à s'éteindre , une autre la remplaçait et en adoptait les habitudes de révolte et d'apostasie; aussi les Arabes durent tra- vailler longtemps avant de pouvoir établir l'autorité de fempire mu- sulman dans rifrîkiya et dans le Maghreb.

En Syrie, les Israélites trouvèrent des tribus composées de Phi- P. 297. listins, de Canaanéens, de descendants d'Esaû, de Madianites, de

' Pour Zeid O.JJ, il faut, sans doute Amer, surnommé £?- Mansorar. (Pour l'his-

lire Yezld oojj. Abou Moliammed Aïoub loired'AbouYezîd, voyez l'/Z/stoVeties B«r-

Ibn Abi Yezid, fils du célèbre Abou Yezîd bers, t. II, p. 53o et suiv. et t. III, p. aoi et

qui fit une guerre si acharnée à la dynastie suiv. )

fatémide , était très-versé dans la connais- ^ Il y a ici une espèce d'allusion étymo-

sance des généalogies berbères. Il demeura logique : les mots Ifrîkiya et moferreca {sé-

pendant quelque temps à la cour de Cor- parant) peuvent se ramener à une même

doue, auprès du célèbre ministre Ibn Abi racine.

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