Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/460

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336 PROLEGOMENES

Voyez, par exemple, comment l'empire des Arabes musulmans s'était maintenu plus longtemps que tout autre. Nous ne parlons pas ici seulement de la dynastie abbacide, qui siégeait au centre même de l'empire, mais aussi de celle des Oméiades qui s'étaient retirés en Espagne; toutes les deux avaient duré jusqu'au commencement du V* siècle de l'hégire. Celle des Fatémides se maintint pendant près de deux cent quatre-vingts ans. Celle des Sanhadja, qui relevait de l'empire fatémide, à partir de l'époque où Maadd el-Moëzz investit Bologguîn Ibn Zîri du gouvernement de rifrîkiya, se maintint depuis l'an' 358 jusqu'à l'an ôôy, époque ou les Almohades lui enlevèrent la Calaà^ et Bougie. L'empire almobade (liafside) de nos jours a subsisté plus de deux cent soixante et dix ans; ainsi la durée des empires est en rapport direct avec le nombre des guerriers qui les avaient fondés ; règle que Dieu lui-même a suivie dans sa conduite envers les hommes. [Coran, sour. xl, vers. 85.)

Un empire s'élablit difficilement dans un pays occupé par de nombreuses tribus

ou peuplades.

Cela provient de la diversité d'opinions et de sentiments qui règne chez ces peuples. Chaque opinion, chaque sentiment, trouve un parti pour le soutenir; aussi les révoltes sont-elles très-fréquentes contre l'autorité de l'empire (que l'on vient d'y fonder). L'empire a beau s'ap- puyer sur le dévouement de ses partisans ; les peuples qu'il tient en sou- P. 296. mission ont aussi un esprit de corps, et chaque peuple se croit assez fort pour rester indépendant. Voyez, par exemple, ce qui s'est passé en Ifrîkiya et en Maghreb depuis le commencement de l'islamisme jusqu'à nos jours. La population de ces contrées est composée de Berbers, peuple organisé en ti'ibus dont chacune est animée d'un vif esprit de corps. Ibn Abi Sarh leur fil éprouver une première défaite ainsi qu'aux Francs (qui étaient avec eux); mais cela n'eut aucun résultat; ils prirent l'habitude de se révolter et d'apostasier; à chaque instant ils se mettaient en insurrection , sans se laisser contenir par ' Pour iXw, lisez Ju-» j. — ' Voyez ci-devant, page Sao, noie 5.

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