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358 PROLÉGOMÈNES

monuments durables de leur existence et à se faire une haute re- P. 3i6. nommée. Il consacre ses efforts au soin de faire rentrer les impôts, de bien constater les revenus et les dépenses, de tenir compte de tous ses déboursés et d'employer son argent avec prévoyance. Il fait cons- truire de vastes édifices, des bâtiments immenses, de grandes villes, des monuments énormes. Il comble de dons les chefs de tribu et les grands personnages étrangers qui viennent le complimenter, il enrichit ses parents et prodigue l'or et les honneurs à ses créatures et à ses ser- viteurs. Il a soin de faire la revue ' de ses troupes et de leur donner régulièrement, chaque mois lunaire, une solde convenable. Aussi voit-on, aux jours de fête, les bons résultats de cette conduite : l'ha- billement du soldat, son équipement et ses armes, tout est en excellent état. Par la beauté de ses troupes, il excite l'admiration des nations amies et impose à celles qui ont pour lui des sentiments hostiles. Pen- dant cette phase , le chef de l'état exerce une autorité absolue et agit d'après ses propres inspirations ; jusqu'alors il n'avait travaillé que pour la gloire commune et pour tracer un chemin que ses successeurs devaient suivre. La quatrième phase est une période de contentement et de repos. Le souverain se montre satisfait de la gloire que ses pré- décesseurs lui ont transmise^; il vit en paix avec les princes capables de l'égaler ou de rivaliser avec lui en puissance; il imite avec une attention scrupuleuse^ la conduite de ses prédécesseurs, et, bien convaincu de la grande habileté qu'ils avaient déployée en travaillant pour la gloire de la nation, il croirait se perdre s'il cessait de suivre leur exemple. La cinquième phase amène le gaspillage et la prodi- galité. Le souverain dépense en fêtes et en plaisirs les trésors amassés par ses prédécesseurs; il en distribue une partie à ses courtisans sous le titre d'honoraires, et il emploie le reste à maintenir l'éclat de ses réceptions et à s'entourer de faux amis et d'intrigants *, auxquels il

' La leçon •y'fvct est préférable. pond à un autre. » — * L'expression *[^«â^

' Littéral. « ce que ses prédécesseurs |j/«L>Jf désigne l'herbage qui pousse sur

ont bâti. » du fumier; il a un bel aspect, mais il n'est

' Littéral. « comme un soulier corres- bon à rien.

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