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D'IBN KHALDOUN. 359

confie des charges qu'ils sont incapables de remplir et dans lesquelles p. 317. ils ne savent comment se conduire ^ Il froisse l'amour-propre des chei's de la nation; il offense les gens qui doivent leur fortune à la bonté de ses prédécesseurs, et en fait ainsi des ennemis qui n'attendent, pour le trahir, que le moment opportun. Il gâte l'esprit de l'armée en employant pour ses plaisirs l'argent qui devait servir à la solder; jamais il ne s'entretient avec ses soldats, jamais il ne les interroge sur leurs besoins. De celte manière, il détruit l'édifice fondé par ses pré- décesseurs. Pendant cette phase, l'empire tombe en décadence et ressent les attaques d'une maladie qui doit l'emporter et qui n'admet aucun remède. Enfin la dynastie succombe d'une manière dont nous exposerons ailleurs les détails. Dieu est le meilleur des héritiers"^.

La grandeur des monuments laissés par une dynastie est en rapport direct avec la puissance dont cette dynastie avait disposé lors de son établissement.

Les monuments laissés par une dynastie doivent leur origine à la puissance dont cette dynastie disposait à l'époque de son établissement. Plus cette puissance fut grande, plus les monuments, tels que les édi- fices et les temples, sont vastes. Nous disons qu'il y a un rapport in- time entre la grandeur des monuments et la puissance de la dynastie naissante. En effet, il faut, pour les achever, le concours d'une mul- titude d'ouvriers; il faut réunir beaucoup de monde pour aider aux travaux et pour les exécuter. Si l'empire a une vaste étendue et ren- ferme beaucoup de provinces ayant une nombreuse population, on peut tirer de toutes les parties du pays une foule immense d'ouvriers. Alors on parvient à élever des bâtiments énormes. Songez aux cons- tructions laissées par les Adites et lesThémoudites, et souvenez-vous de ce que le Coran en raconte. On voit encore debout (à Ctésiphon) le palais de Chosroës [Eïwan Kisra), qui offre une preuve frappante de la puissance des Perses. On sait que le khalife (Haroun) Er- Rechîd forma la résolution de l'abattre, et qu'après quelque hési-

' Littéral. « ce qu'ils doivent prendre ou laisser. » — ' Pour {j^yJl , lisez (JSJV r* '-

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