Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/486

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362 PROLEGOMENES ^

P. 3ao. jouissaient d'une grande force. Selon eux, la mort survient par suite de la désorganisation des forces naturelles; plus ces forces sont in- tenses, plus la vie se prolonge. Au commencement du monde, la durée de la vie était à son maximum et le corps humain était dans toute sa perfection. Ces avantages diminuèrent graduellement, avec la diminution de la matière constituante, et ils se trouvent à présent dans l'état d'amoindrissement que nous voyons. Cette diminution (disent-ils) doit continuer jusqu'à l'époque de la désorganisation gé- nérale et de la ruine de l'univers. On voit combien cette opinion est fan- tastique ; elle n'a , pour se soutenir, aucune preuve tirée de la nature des choses, aucune démonstration fournie par le raisonnement. Nous pouvons examiner de nos yeux les habitations des anciens, les portes* (de leurs villes), les rues qui passent auprès de leurs édifices, leurs temples, leurs maisons et lieux d'habitation, tels que les demeures que les Tlîémoudites s'étaient taillées dans le roc; nous y verrons des maisons assez petites et des portes très-étroites. Le Prophète lui- même nous a fait savoir que ces excavations servaient de demeures aux Thémoudites. Il ordonna de jeter la pâte qu'on avait pétrie avec l'eau de cette localité, de ne pas employer cette eau, mais de la ver- ser par terre. « N'entrez pas, dit-il, dans la demeure des gens qui se sont fait tort à eux-mêmes, ou bien entrez-y en pleurant, alin de ne pas éprouver un malheur semblable à celui qui les a frappés. » Les observations qui précèdent s'appliquent également aux monu- ments du pays des Adites, de la Syrie, de l'Egypte et de toutes les contrées de la terre, depuis l'orient jusqu'à l'occident. Ce que nous venons d'énoncer à ce sujet est l'exacte vérité.

On peut compter au nombre des souvenirs qui attestent la puis- sance des anciennes dynasties les descriptions des fêtes et des ma- riages. Voyez ce que nous venons de raconter au sujet de Bouran, du repas doimé par El-Haddjadj"^ et de la munificence d'Ibn Dhi-Yezen*. Une autre classe de souvenirs, ce sont les indications au sujet des

' Pour *jLjI, lisez AjUL. ' Un peu plus loin, l'auteur raconte

^ Vov. ci-devant, p. 352, 353. l'anecdote à laquelle il fait ici allusion.

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